(Français) Italie. Cartographie des inégalités sociales
ORIGINAL LANGUAGES, 6 Feb 2017
Diego Giacchetti | A l’Encontre la Brèche – TRANSCEND Media Service
23 janvier 2017 – A la fin de l’année 2016 – une fois oubliée la propagande démesurée de notre ex-premier ministre – émergent les données chiffrées et les explications concernant la condition sociale et de classe qui caractérisent notre pays. A commencer par l’accroissement des inégalités sociales. Selon des analyses élaborées au moment où se tient le World Economic Forum de Davos1, en Italie, les 20% les plus riches détiennent plus du 69% de la richesse du pays, les 20% suivants en détiennent le 18%, tandis que 60% doivent se partager le 13% restant. Selon le magazine économique new-yorkais Forbes, en 2016, parmi les 20% les plus riches, 10 Italiens détiennent en tout 86 milliards d’euros2, soit l’équivalent de ce que possèdent 500’000 familles ouvrières (Censis, Centro Studi Investimenti Sociali, 2014).
L’accroissement des inégalités sociales constitue la principale cause matérielle de la rage et du désespoir qui gagnent les sociétés européennes et l’Italie, résultant de la forme économico-sociale que prend le capitalisme de ces dernières décennies. Tandis que la richesse des couches les plus aisées s’accroît, la classe des travailleurs ainsi qu’une part non négligeable desdites couches moyennes font du surplace ou s’appauvrissent. La pauvreté est une notion du XIXe siècle qui refait surface aujourd’hui, devenant une catégorie explicative de nombreuses enquêtes et recherches sociologiques.
Des données impitoyables
Les données de l’Istat (Institut italien de statistiques) relatives à 2016 signalent que le chômage atteint 12%3. Parmi les personnes occupées, il est inquiétant de constater que la part des salarié·e·s de plus de 50 ans augmente, alors que la part des moins de 35 ans diminue, le chômage dépassant dans ce dernier cas les 39%. La Loi Fornero4, qui a repoussé brutalement l’âge de la retraite, explique statistiquement l’augmentation du nombre de salarié·e·s de plus de 50 ans, le faible renouvellement générationnel de la force de travail et les lourdes conséquences que cela a sur le chômage des jeunes.
Mais un autre aspect de la réalité explique également que les salariés vieillissent dans les bureaux et les fabriques, repoussant d’autant l’engagement des jeunes. En effet, les employeurs ont saisi la balle au vol des modifications de la législation sur le travail, préférant embaucher ou garder des travailleurs âgés, proches de la retraite, ce qui représente un engagement moindre dans la durée, dans la mesure où ils pourront s’en défaire à relativement brève échéance. En outre, un travailleur âgé représente certains avantages: il ne va pas suivre de formation, il a une grande expérience et, étant bientôt à la retraite, il n’a pas d’exigences pressantes en matière de salaire.
Depuis mars 2015 le Jobs Act5 a reconfiguré, en les aggravant, les relations de travail en Italie, particulièrement en ce qui concerne les petites et moyennes entreprises en crise6, en donnant à l’employeur les instruments légaux pour restructurer un secteur ou une activité de l’entreprise sans y aller par quatre chemins. Démissions imparties par l’employeur, ambiance de plomb dans l’entreprise, les salarié·e·s sont durement mis sous pression. Les licenciements pour raisons disciplinaires se multiplient (+28% dans les huit premiers mois de 2016), conformément aux dispositions du Jobs Act et de son contrat à protection progressive (contratto a tutele crescenti)7. Même dans les rares domaines d’activité où le niveau d’emploi a augmenté, la productivité générale a diminué et la croissance est restée faible, du fait du poids croissant des emplois non qualifiés et d’un marché du travail essentiellement basé sur de petits emplois précaires. Avec un tel scénario – innovations au niveau des normes réglementaires, défiscalisation et Jobs Act – le marché du travail a retenti du boom des vouchers8 : 277 millions de contrats voucher ont été stipulés en 2015, englobant 1’380’000 salariés, avec une moyenne de 83 contrats par personne, tandis que pour le seul premier semestre 2016 il y en a eu 70 millions.
C’est le signe, écrit le Censis (Centre d’étude des investissements sociaux), que la forte demande de flexibilité et de baisse des coûts est en train d’alimenter les petits boulots, c’est-à-dire des emplois précaires à très bas revenus qui relèguent avant tout les jeunes salarié·e·s dans les limbes de la flexibilité la plus dure, voulue par le mode de fonctionnement actuel du capitalisme sauvage. Une génération entière est ainsi marginalisée.
Les bons de travail [le paiement du travail au voucher s’effectue par le biais de bons correspondant à un salaire horaire de 7,5 euros par heure] sont la certification légale de cette précarité devenue condition permanente des salariés. A l’opposé du réformisme du XIXe siècle, qui tendait à améliorer les conditions de travail, l’actuel (contre)réformisme ne cesse de les aggraver.
Précarisation et emploi
Brancaccio, Garbellini et Giammetti, trois experts de la question, soulignent (24 Ore/Il Sole, 19 décembre 2016) que de nombreuses recherches mettent en évidence l’inexistence d’une corrélation entre précarisation du travail et accroissement de l’emploi. Autrement dit, les normes qui facilitent le licenciement des salariés sous contrat de durée indéterminée restent sans effets statistiques significatifs sur le niveau de l’emploi. En d’autres termes, ces données démentent l’axiome selon lequel la dérégulation du marché du travail crée des emplois et réduit le chômage. Bien au contraire, la réduction des protections des travailleurs et travailleuses est statistiquement en lien non pas avec la croissance de l’emploi, mais avec l’augmentation des inégalités, dans la mesure où la précarisation a un effet direct sur le pouvoir contractuel des salariés, attaque à la baisse les salaires et alimente la différenciation sociale par le bas. Les inégalités sociales sont une notion des XIXe et XXe siècles, que les idéologues de la fin des idéologies se gardent d’utiliser. Or, ne pas énoncer les choses ne signifie pas les faire disparaître; cela peut tout au plus être tranquillisant, mais cela n’élimine pas pour autant la condition d’inégalité.
S’il y a eu un accroissement de l’emploi, au cours des premiers mois de mise en œuvre du Jobs Act, alors que les entreprises jouissaient des généreux investissements publics accordés par le gouvernement, les données récentes révèlent que cette croissance n’a pas permis de réduire la pauvreté absolue, ayant généré soit des revenus trop bas, soit des emplois dans des milieux qui ne sont pas atteints par la pauvreté.
Le jour même où le célèbre éditorialiste du quotidien La Stampa, Mario Deaglio, écrivait qu’il fallait continuer à prendre part au grand marché global sur lequel se fonde notre bien-être »9 (ou s’agit-il de celui de sa propre couche sociale?), commençait à être publiée une étude, en quatre parties, sur les inégalités sociales en Italie, réalisée par Linda Laura Sabbadini (parue les 12, 17, 23 et 30 décembre 2016)10. Elle fournit des données et des observations dont je vais me servir dans la suite de cet article.
Laura Sabbadini a été déchargée de son poste de directrice du Département des statistiques sociales et environnementales de l’Institut national de statistique en avril 2016. Dieu sait pourquoi! Tandis que la propagande gouvernementale de l’ex-premier ministre [Matteo Renzi] affabulait sur la magnifique amélioration sociale et nous enfumait sans retenue, Sabbadini osait écrire qu’une telle inégalité sociale «n’est pas tolérable dans une société démocratique, que cela mine les bases de cette société, nie les principes constitutionnels qui garantissent l’égalité des chances pour tout un chacun et altère le pacte social qui cimente la confiance entre les citoyens et les institutions.» (La Stampa, 23 décembre 2016)
La longue crise du système capitaliste a eu des effets transversaux sélectifs, en frappant davantage le Sud que le Nord. Les écarts se sont accrus et la chute est plus rude pour les plus mal lotis. Au Sud, s’est amorcée une descente brutale depuis de nombreuses années, aggravée par la crise récente. La combinaison de deux phénomènes a particulièrement pesé lourd sur le Sud: l’inexistence d’un accroissement de l’emploi féminin et le long déclin de l’emploi masculin. En 2015, face à un Centre-Nord comptant plus de 300’000 emplois supplémentaires par rapport à 1977, le Sud comptait 600’000 emplois en moins. Ce qui s’ajoute au fort affaiblissement en «capital humain», déterminé par le départ de jeunes adultes en masse vers le Centre-Nord, migration ayant touché 1’600’000 personnes en 15 ans, le 60% d’entre elles âgées de 20 à 45 ans.
Appauvrissement familial
Le pourcentage de familles en condition de pauvreté relative ou absolue et comptant à leur tête un salarié ou assimilé [c’est-à-dire un indépendant en situation de dépendance salariale], sont passées de 2% en 2007 à 12% en 2015. En valeurs absolues, cela donne des chiffres impressionnants: 1’582’000 familles en situation de pauvreté, soit quelque 4’598’000 personnes. Le manque de travail est la raison principale de cette détresse. Les familles ayant à leur tête un chômeur sont les plus pauvres en termes absolus et sont en augmentation. Et lorsqu’un seul membre de la famille a un emploi, celle-ci n’est pas protégée contre la pauvreté pour autant.
Selon les informations de la Banque d’Italie, citées par Sabbadini, le 46% des familles ouvrières ont un seul revenu et près de la moitié d’entre elles ne possèdent pas leur logement. Dans de telles conditions, la pauvreté guette. Une pauvreté qui, pour cette catégorie de familles, a déjà commencé à croître avant la crise de 2008, pour ensuite exploser, passant de 4% à 7% en 2009 et même 12% en 2013 comme en 2015. En dix ans, l’indicateur de pauvreté des familles ouvrières a triplé, alors qu’un seul emploi par famille ne constitue plus une garantie de ne pas devenir pauvre ni de sortir de la pauvreté. Si on demande aux familles italiennes quelle a été le facteur négatif qui a le plus durement bouleversé leur existence, l’écrasante majorité mentionne la baisse du revenu familial. Le 61% de la population italienne considère que les inégalités ont augmenté, le 34% qu’elles ont stagné, le 5% qu’elles ont diminué (voir le graphique ci-dessous).
La pauvreté absolue a atteint le 10% de la population au Sud contre presque 7% au Nord. Les familles ouvrières sont pareillement touchées, mais de manières différentes: au Sud il s’agit principalement de familles italiennes; au Nord il s’agit aussi de familles immigrées, victimes de la crise de l’emploi qui a touché le secteur industriel et la construction et génie civil, privant les hommes de leur revenu. Ce phénomène a moins touché les femmes actives dans les services d’assistance personnalisée aux familles, le seul secteur qui, pendant la crise, a enregistré une augmentation de l’emploi. Dans l’ensemble, le revenu disponible moyen par tête des familles résidant au Sud n’atteint que le 63% de celui des familles résidant au Nord. Ainsi la distance entre riches et pauvres est plus grande au Sud qu’au Nord et qu’en Europe. D’une manière générale, la crise, le chômage, la baisse des revenus ont aussi touché plus durement les enfants mineurs des mères séparées ou divorcées, à plus forte raison lorsqu’il y a plus qu’un enfant, en général au Sud ou dans des familles immigrées au Nord. Quant aux enfants nés dans des familles ouvrières, ils sont en situation précaire sur tout le territoire.
Dans tout le pays, près de 3% des jeunes de moins de 16 ans vivent dans des familles qui ne peuvent se permettre d’assurer deux paires de souliers par enfant et près de 9% ne peuvent se faire payer des habits neufs. 7% des familles ne parviennent pas à organiser l’anniversaire de leur enfant avec des amis. Près de 8% n’achètent pas de livres extrascolaires aux enfants, 11% ne participent pas aux excursions scolaires ni aux événements scolaires exigeant paiement, 11% n’ont pas un espace adéquat pour étudier. L’enfant pauvre aura donc davantage de difficultés à saisir les possibilités de se construire socialement, il cumulera des retards difficilement récupérables. La pauvreté infantile constitue une lourde hypothèque sur les futurs jeunes et adultes.
Dans une famille qui se trouve à la limite du seuil de pauvreté, pour laquelle un seul revenu ne suffit plus, le travail féminin va faire la différence, constituant une parade essentielle contre la pauvreté. Il est clair qu’actuellement la baisse du revenu par tête dans les familles de la classe des travailleurs a été telle, que deux revenus sont devenus nécessaires là où un seul revenu suffisait autrefois. Or l’emploi féminin a chuté ces dernières années, du fait d’un marché du travail plus en baisse pour les femmes, tendance déjà amorcée dans la seconde moitié des années 1990. Aggravation ressentie autant qualitativement (augmentation des professions non qualifiées et diminutions des professions techniques) que quantitativement (temps partiel involontaire et difficulté à concilier les temps de la vie familiale et les temps de travail).
Condition des jeunes
La condition des jeunes est structurellement déterminée aujourd’hui par un haut taux de chômage et des emplois précaires peu rémunérés. C’est la première fois, depuis l’après seconde guerre mondiale, que les enfants sont plus démunis que les parents. Ils ont un revenu 15% plus bas que le revenu général moyen. Les ménages de moins de 35 ans ont une richesse familiale qui se situe à 42% de la moyenne des ménages. Par rapport aux mêmes classes d’âge il y a 25 ans, les jeunes ont actuellement un revenu inférieur de 27%.
Rester au sein de la famille est donc devenu une obligation pour se préserver de la pauvreté. La situation est particulièrement critique pour les jeunes de 25 à 34 ans: la moitié d’entre eux vit encore avec ses parents, soit 6% de plus qu’en 2011, 22% de plus qu’en moyenne européenne, 40% de plus qu’en France et 46% qu’au nord de l’Europe. Le taux d’activité des jeunes a baissé de 9% durant la crise, une chute remarquable qui prétérite lourdement la construction future de ces jeunes.
La nouvelle génération a un problème de mobilité sociale. Elle n’est plus bloquée vers le haut, comme on disait autrefois, mais elle est débloquée vers le bas, ayant une plus grande probabilité de voir sa situation se dégrader. La crise a profondément conditionné les temps et les modalités de transition vers la vie adulte, repoussant des étapes fondamentales de la vie. Même avec un travail, la modestie des revenus et l’intermittence des emplois pèsent sur les choix de vie. Seul un quart des jeunes vit en couple et 7% vivent seuls. Ceux qui sont à la tête d’une famille ont souvent un revenu insuffisant, qui les contraint à recourir à l’aide des parents voire des grands-parents.
Le Censis a mis ces données en relation avec des informations sur l’affection relationnelle. Ainsi, les personnes nées entre le début des années 1980 et le début des années 2000 ont «perdu» le sens social du mariage et s’orientent vers d’autres formes de relation. Les célibataires constituent désormais le 81% de ces jeunes (ils étaient 71% il y a 10 ans), les mariés 19% (28% il y a 10 ans). Parmi les célibataires, 40% sont absolument single, 3% sont dans des relations sans engagement, 57% ont une relation de couple stable tout en ne vivant pas sous le même toit. La précarisation du travail fragilise la vie relationnelle et sentimentale. Le choix d’une vie commune stable, avec ou sans mariage, est considéré comme une option lourde, qui nécessite avant tout un emploi (pour 72% des jeunes), une épargne constituée (pour 50%), d’avoir déjà eu une expérience de vie commune avec son partenaire pour quelque temps (pour 30%) et avoir terminé ses études, selon le 28%.
Sommes-nous tous en meilleure forme et vivons-nous tous plus longtemps ?
Tous les citoyens n’ont pas bénéficié dans les mêmes proportions des progrès de l’assistance sanitaire. Dans ce cas, comme pour le reste, les choses dépendent du revenu, de la condition de classe, du lieu de vie. Les citoyens du Mezzogiorno [le Sud de l’Italie], par exemple, et plus généralement les bas statuts sociaux, tombent plus souvent malades, guérissent moins, perdent plus tôt leur autonomie et meurent avant les autres.
Selon l’Istat, le 11% de la population a renoncé aux prestations sanitaires ou pharmaceutiques en 2013, alors qu’elle en avait besoin. Même le bien-être psychologique et mental s’est détérioré, en particulier pour les personnes ayant un bas niveau d’instruction, moins de ressources économiques, pas d’emploi stable, vivant dans des conditions de logement précaires. Il en va de même avec l’espérance de vie, cyniquement mise à contribution pour augmenter inconsidérément le nombre d’années de travail nécessaires pour atteindre le droit à la retraite. Hormis le fait que l’année passée l’espérance de vie a diminué de presque une année, elle n’est pas distribuée également. Comme par hasard, ce sont les habitants du Mezzogiorno, les ouvriers, les chômeurs, les statuts sociaux les plus bas qui ont une espérance de vie moindre.
Bref on retombe encore et toujours sur les questions de l’emploi et du chômage, du revenu et de son importance, de la distribution de la richesse en entonnoir en descendant des élites vers les salarié·e·s (image particulièrement détestée par les opinion makers du libéralisme économique et méritocratique). Ce sont là les questions centrales de la crise actuelle. Ce sont aussi les indicateurs sociaux de la grande transformation de celle qui fut la gauche réformiste du XIXe siècle, ayant donné le pire de soi dans le cadre des politiques du travail actualisées par les gouvernements de centre gauche au cours des dernières décennies. (Article paru le 17 janvier 2017 sur le site de Sinistra Anticapitalista. Traduction Dario Lopreno)
NOTES:
1/ Cf. Oxfam, Disuguitalia, I dati sulla disuguaglianza economica in Italia. Inserto del rapporto Un’Economia per il 99% a cura di Oxfam Italia, Roma, 2016 (https://www.oxfamitalia.org/wp-content/uploads/2017/01/Inserto-Italia-rapporto-Davos-2017.pdf). [ndt]
2/ Jacqueline Facconti, «Classifica Forbes: ecco gli italiani più ricchi», sur le site Finanzasulweb (http://finanzasulweb.it/notizie/classifica-forbes-gli-italiani-piu-ricchi/) [ndt].
3/ Précisons ici que certaines estimations qui englobent tous les chômeurs, y compris les chômeurs découragés, ceux qui ne recherchent plus de travail, donnent un taux de chômage de 23% en 2014 (soit 6.6 millions de chômeurs), par exemple, au lieu des 13% (soit 3.5 millions) officiels de l’Istat (Cf. http://scenarieconomici.it/analisi-esclusiva-disoccupazione-reale-quota-66-milioni-tasso-228/). [ndt]
4/ En vigueur dès 2013, la Loi Monti/Fornero (du nom du président du Conseil des ministres et de la ministre du Travail et des politiques sociales) introduit notamment ces nouveautés: elle repousse la pleine retraite anticipée à 62 ans (sauf pour celles et ceux qui ont travaillé respectivement 41 et 42 ans continus), la retraite normale à 66 ans (67 dès 2021), elle instaure un mécanisme qui permet de déplacer progressivement l’âge de la retraite au fur et à mesure que l’espérance de vie augmente, elle augmente les primes versées par les indépendants, elle accroît le poids des caisses de pension privées (Cf. Giampiero Falasca, «Pensioni, ecco che cosa cambia dal 1° gennaio», Il Sole 24 Ore, quotidien, Milan, 01/01/2012). [ndt]
5/ Avec le Jobs Act, en vigueur depuis mars 2015, nouveau cadre légal libéralisant le marché du travail « les entreprises peuvent bénéficier d’une liberté totale de licenciement et leur capacité de chantage – avec la peur qui peut en découler – et d’exploitation des salarié·e·s est encore renforcée » (Italie. Le «Jobs Act», réalité et métaphore d’une victoire des dominants, Franco Turigliatto, 11/05/2015, publié sur ce site). [ndt]
6/ Selon l’étude Struttura e competitività delle imprese industriali e dei servizi de l’Istat, les petites et moyennes entreprises (moins de 250 collaborateurs) regroupent le 80% des salariés du secteur privé italien en 2013. [ndt]
7/ Le contrat à protection progressive est un contrat de droit privé, accordant à l’employeur trois ans et demi de dégrèvements fiscaux, supprimant l’obligation de réintégration au poste de travail pour les nouveaux engagés en cas de licenciement abusif, accordant aux salariés déjà en place une possible indemnité pour licenciement injustifié. indemnité progressive en fonction de l’ancienneté (d’où l’appellation de contrat à protection progressive). En cas de restructuration, l’employeur n’est plus contraint à la recherche du reclassement du ou des salariés concernés dans un autre secteur ou une autre fonction de l’entreprise, il est par contre autorisé à imposer un reclassement dans une fonction différente, moins qualifiée, moins bien rémunérée, le tout en mettant au placard l’obligation d’assistance syndicale pour ces tractations (https://www.forexinfo.it/jobs-act-contratto-tutele-crescenti-cos-e et http://www.adessolosai.it/, «Tutto quello che non ti hanno detto sul Jobs Act»). [ndt]
8/ Le travail au voucher est le travail accessoire (même si régulièrement répété), rémunéré par un salaire horaire de 7,5 euros par heure, ne donnant droit à aucune prestation de sécurité sociale, tout en étant reconnu pour l’obtention du droit à la retraite, selon l’Institut national de la prévoyance sociale (INPS, http://www.inps.it/). [ndt]
9/ Cf. Mario Deaglio, «L’inevitabile percorso delle riforme», La Stampa, Turin, 12/12/2016 (disponible sur http://www.lastampa.it/2016/12/12/cultura/opinioni/editoriali/linevitabile-percorso-delle-riforme-QYoLadEZ1n3ikV8YFl815O/pagina.html). [ndt]
10/ Les quatre articles de Linda Laura Sabbadini, publiés dans le quotidien La Stampa de Turin, sont disponibles aux adresses suivantes [ndt] :
- «Con la crisi non basta più il lavoro di uno solo in famiglia», 12/12/2016
- «Sempre peggio al Sud, la crisi ha cancellato il lavoro», 17/12/2016
- «Cresce il divario generazionale. La crisi ha colpito di più i bambini», 23/12/2016
- «La crisi incrina la salute al Sud più che al Nord», 30/12/2016
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