(Français) Comprendre les défis économiques du Venezuela
ORIGINAL LANGUAGES, 27 Aug 2018
Michel Collon | Investig’Action – TRANSCEND Media Service
06 Août 2018 – La crise économique que traverse le Venezuela est-elle bien la preuve de la faillite de la révolution bolivarienne? Dans Les 7 péchés d’Hugo Chavez, Michel Collon analysait le défi qui se posait: rééquilibrer une économie basée sur la rente pétrolière et disposant de maigres secteurs agricole et industriel. Contrairement à certaines idées reçues, Chavez ne s’est pas contenté de distribuer l’argent du pétrole aux pauvres à travers des programmes sociaux. L’ancien président avait entrepris de jeter les bases nécessaires au développement d’une véritable économie nationale. Un processus toujours en cours, mais dont le chemin est semé d’embûches. Mieux que les dépêches d’agences basées sur les médias d’opposition, cet extrait des 7 Péchés d’Hugo Chavez vous aidera à comprendre ce qui est en jeu au Venezuela.
Une économie bloquée et peu productive
Telle est donc la situation des diverses classes sociales du Venezuela. Une bourgeoisie nationale écrasée et atrophiée, une paysannerie chassée de la campagne, un prolétariat chassé des usines et un secteur informel hypertrophié mais improductif. Toutes les classes subissent les effets de la dépendance envers l’étranger.
Le nœud du problème ? J’ai demandé à José Rivas, directeur à la Banque centrale du Venezuela, quelle était selon lui la cause fondamentale des problèmes actuels de l’économie vénézuélienne. Il m’a répondu sans hésiter : « C’est encore toujours le caractère rentier, non productif, de l’économie de ce pays. Nos grands bourgeois ont toujours vécu en gagnant assez, sans avoir à se préoccuper du fait que les gens n’avaient pas de quoi acheter. »
La ‘malédiction du pétrole’ alors ?
« Non, le fond du problème, c’est : que fait-on avec ce qu’il rapporte ? La rente pétrolière, comme on dit. Si elle part dans les comptes en banque à l’étranger, par ‘les veines ouvertes de l’Amérique Latine’, selon l’expression d’Eduardo Galeano, cela bloque le développement du pays. La répartition de cette rente pétrolière a favorisé la concentration du capital et des revenus. Du coup, la consommation dépendait surtout des hauts revenus. Même si elle a également permis le développement d’une certaine industrie, et même si, à certaines époques, les travailleurs en ont également touché une petite part, en gros l’argent du pétrole n’a pas été bien utilisé. De plus, le développement du pays a été très inégal, ne créant aucune industrie dans le Sud, abandonné. »
Chavez a donc hérité d’une économie complètement déséquilibrée. D’un côté, un poids exagéré du pétrole mais aussi des services : commerce, finances, spéculation immobilière. De l’autre, l’industrie et l’agriculture sont rachitiques. Ce n’est pas que les gens ne veulent pas travailler, comme on entend parfois. Non, à cinq heures du matin, vous voyez des foules de gens descendre des barrios de Caracas. Ils ne restent pas au lit, ils vont bosser. La question, c’est : quel travail s’offre à eux ? Ca se limite au commerce, la construction, quelques petites industries… Il n’y a pas un tissu économique valable.
Faire le bon diagnostic
Faire le bon diagnostic est donc vital pour toute alternative en Amérique latine : c’est la dépendance qui envoie au Nord toute la plus-value produite dans ces pays et empêche qu’elle serve au développement.
Désigner la vraie cause de la pauvreté est donc fondamental, comme l’indique le sociologue James Petras :
« Les niveaux de vie en recul et la pauvreté massive sont à la fois la cause et la conséquence de la centralisation de la richesse et du capital entre les mains d’un petit nombre de banques étrangères et nationales. Les inégalités ont atteint des niveaux sans précédent tandis que le capital et les produits étrangers dominent les marchés et les économies locales. »[1]
C’est en décidant de se spécialiser dans l’exportation des produits agricoles et miniers au service des pays impériaux que l’élite latino-américaine a provoqué un chômage massif. Jamais, dans ses innombrables études et rapports sur la pauvreté, la Banque mondiale ne signale que ce sont les grandes puissances, les multinationales et la Banque mondiale elle-même qui ont provoqué cette pauvreté.
Comme toutes les grandes agences internationales, comme tous les médias dominants, la Banque mondiale veut bien parler des pauvres mais sans jamais expliquer pourquoi ils le sont. Sans jamais faire le lien avec les riches. Comme si ces deux phénomènes étaient séparés, comme si la fortune des uns ne venait pas de ’exploitation et de la misère des autres.
A cause de cette dépendance envers les multinationales, tous les régimes qui ont précédé Chavez se sont montrés incapables de développer au Venezuela une économie moderne, équilibrée et satisfaisant les besoins de la population. Mais y a-t-il un remède pour sortir de cette impasse ?
La solution ? Un développement ‘endogène’.
Au lendemain du coup d’Etat économique de janvier 2003, Hugo Chavez lance un appel solennel à tous les secteurs du pays :
« Indépendamment de notre idéologie, indépendamment de nos concepts politiques et philosophiques, nous avons tous un but commun : faire progresser le pays et l’économie afin de les développer. Pour créer de l’emploi, il est nécessaire de réactiver l’ensemble de l’économie : les petites et moyennes entreprises, les grandes entreprises, l’agro-industrie et l’agriculture. J’adresse un appel à tous, patrons d’entreprises et travailleurs, travaillons ensemble pour l’avenir du pays. Le Venezuela ne doit pas se contenter d’exporter du pétrole. Il doit également devenir un pays industrialisé, un pays agricole, un pays touristique. Et dans tout ceci l’industrie doit jouer un rôle fondamental. »[2]
Et comment développer le pays ? En créant une économie qui échappe à la dépendance envers les multinationales :
« Avant tout, la production pour le marché national afin de satisfaire les besoins internes du pays. Exporter n’est pas la priorité pour notre pays. ». C’est ce que Chavez appelle le développement ‘endogène’ : « Etre en mesure de produire nous-mêmes les graines dont nous avons besoin pour ensemencer, la nourriture que nous consommons, les vêtements que nous portons, les produits et services dont nous avons besoin. Nous devons briser le carcan de la dépendance économique, culturelle et technologique. »[3]
‘Endogène’ signifie, selon le petit Robert : « Qui prend naissance à l’intérieur d’un corps, d’un organisme. » L’idée est que le salut ne viendra pas des exportations, mais de la croissance interne. L’idée, c’est de développer l’industrie et la production alimentaire nationale tout en augmentant la collaboration avec les autres pays latino-américains (qui d’ailleurs font partie du même ‘corps’ dans la vision de Chavez). Objectif : réduire fortement la dépendance à l’égard des investissements et des importations provenant des États-Unis. La priorité, c’est de soutenir les initiatives locales. Par exemple, le décret présidentiel 3898 oblige toutes les industries de bases – publiques ou privées – à fournir d’abord les entreprises de transformation nationales et à exporter seulement l’excédent.
Une économie mixte où coexistent diverses formes de propriété
Pour développer cette production nationale, deux éléments sont indispensables : 1. Une intervention forte de l’Etat pour remédier aux faiblesses de cette économie. Et la défendre contre les multinationales qui ne voient pas d’un bon œil ce pays leur échapper. 2. Une économie mixte combinant différentes formes de propriété.
« La révolution n’est pas là pour détruire la propriété privée, affirme Chavez. Au contraire, nous devons la stimuler et la soutenir afin de développer le pays en compagnie du secteur public. » Vu l’arriération et la faiblesse de l’économie vénézuélienne, il faut absolument mobiliser et soutenir toutes les formes de propriété et d’organisation économiques qui pourront s’avérer utiles. L’économie vénézuélienne sera donc, et pour longtemps, mixte : un secteur privé, un secteur public, un secteur coopératif. Tous les trois. Il s’agit de libérer les initiatives et la créativité des classes populaires tout en maintenant les formes de propriété capitaliste dont on ne peut se passer.
Ceci implique des politiques positives envers les capitalistes petits et moyens, envers la classe ouvrière, envers les paysans et aussi pour réintégrer les informels dans la production. Ces quatre axes sont tous indispensables…
D’abord, le gouvernement entend protéger les entreprises des petits et moyens capitalistes, car elles ont un rôle important à jouer.
« Nous devons, dit Chavez, les protéger contre les monopoles, contre les taux d’intérêt élevés des banques, contre n’importe quelle menace susceptible de déstabiliser les petits et moyens projets que tant de Vénézuéliens voudraient lancer ou ont déjà lancés. »[4]
Une loi pour la promotion des investissements donne la possibilité à l’État de soutenir les entrepreneurs partout dans le pays. De même, l’instauration de la chaîne de magasins publics Mercal, décrite au début de ce livre, a permis aux pouvoirs publics de passer des contrats avec des coopératives, mais aussi avec les petites et moyennes industries. Néanmoins, la faiblesse générale de l’industrie ne permet pas d’offrir rapidement des emplois à ces millions de gens perdus dans le secteur informel. Que faire alors ? La création de coopératives semble une bonne réponse au problème…
Les coopératives : un beau projet…
A l’arrivée de Chavez, le Venezuela comptait seulement 762 coopératives légalement enregistrées. Depuis, leur nombre a explosé. Il y en aurait entre cinquante et septante mille. Il s’agit soit de petits commerces, restaurants ou hôtels, soit de petites entreprises de transports comme les moto – taxis de Caracas, soit de coopératives agricoles, soit encore de petits groupes qui s’occupent d’entretenir et d’embellir les quartiers. La plupart de ces coopératives comptent à peine cinq ou six membres, souvent d’une même famille.
8% des coopératives réalisent une production industrielle, et dans ce secteur, la taille est plus importante. Par exemple, lors de notre visite, près de trois cents ouvrières étaient employées dans les deux usines du noyau endogène Fabricio Ojeda, dans la banlieue de Caracas. L’une fabrique des chaussures. L’autre des T-shirts, des bleus de travail, des pantalons…
La création de ces coopératives a constitué une véritable petite révolution : « J’étais une mère qui restait à la maison », nous explique Maria, ouvrière de 35 ans qui parle avec un enthousiasme communicatif au milieu du bruit des machines :
« Je me consacrais seulement à mon foyer. Quand la Mission est arrivée, je me suis motivée. J’ai terminé mon baccalauréat (je n’étais pas allée jusqu’au bout), je me suis formée, et aujourd’hui, je travaille ! »[5]
Même enthousiasme chez Alida Bastida, superviseuse élue par les travailleuses de l’usine de T-shirts. La quarantaine rayonnante, un sourire lumineux éclairant son visage, elle nous fait visiter les divers postes de travail : « Ici, nous avons des femmes qui étaient complètement enfermées dans leurs maisons. Quand le président a parlé de former une coopérative qui nous donnerait une formation et du travail, et qu’alors nous serions nos propres propriétaires, eh bien, tout cela a été une merveille pour nous. Nous étions remplies de fierté ! »
Est-ce ici la préfiguration d’un nouveau type de société ? Alida en est convaincue : « Ici, nous sommes toutes associées, pas de patron, nous sommes toutes propriétaires. » En parlant avec ces femmes, on sent que leur vie a changé du tout au tout. D’autant que leurs enfants sont pris en charge par une garderie, à côté de l’atelier, et ne sont plus un souci. L’émancipation grâce au travail.
…pour développer une économie populaire
Comment fonctionne la coopérative ? Les grandes décisions se prennent en assemblée générale, chaque mercredi : au milieu de la grande cour, entre les ateliers et le dispensaire de soins qui fait aussi partie du complexe Fabricio Ojeda, on a construit deux gradins de bancs qui se font face. Sous un large auvent, et sans murs car il faut que l’air circule. Ici, la nouvelle démocratie économique fonctionne à ciel ouvert.
Ce projet a été financé par PDVSA, la société publique du pétrole. Mais la décision de fonder une coopératives ne peut être parachutée d’en haut, les gens doivent d’abord s’organiser en collectif. L’initiative est venue des gens du quartier, nous explique Briteira Perez:
« Nous avons commencé avec des assemblées, les gens se sont mis à discuter. Nous avons demandé aux enfants, aux adolescents, aux adultes, aux personnes du troisième âge : ‘Que devons-nous faire sur ce terrain là-bas qui appartient à PDVSA ?’ Ils nous ont répondu : ‘Nous n’avons pas de terrain de jeu, pas de clinique, ni magasin, ni centre de récréation’. Alors, nous avons rédigé un document et l’avons apporté à la société PDVSA, qui nous a bien soutenus. Aujourd’hui, notre rêve s’est réalisé. Nous avons une clinique, un magasin, un terrain de jeux, un centre de production, et de loisirs en même temps. Donc, une bonne qualité de vie. » [6]
Ce qui est en train de naître ici, c’est peut-être une nouvelle forme d’économie, liée à la vie des gens du quartier. Plus démocratique au fond. Comme le dit Wilmar, un des rares hommes membres de la coopérative :
« Il s’agissait de partir des gens qui sont ici pour réaliser la transformation économique. On forme à un travail afin de réaliser une nouvelle manière de produire. Au lieu de produire pour quelques-uns, on produit de tous pour tous. »
Pour démarrer, ces coopératives ont fortement besoin des mesures d’encouragement de l’Etat : crédits généreux, longs délais de remboursement et exemption de toutes taxes. Les premières machines de Fabricio Ojeda ont été financées par de telles aides. Mais le but est qu’une coopérative devienne indépendante, rembourse les emprunts initiaux et soit capable d’acquérir elle-même ses équipements. En 2006, Fabricio Ojeda a pu acheter sur ses fonds propres huit nouvelles machines à coudre. Avec quelle fierté !
« Maintenant, nous pouvons prendre l’initiative. »
A Mango de Ocoita, sur la côte à 130 kilomètres à l’est de Caracas, les paysans de la coopérative Cafecao sont heureux que les sept millions de dollars versés par PDVSA aient permis de construire une usine qui traite leur cacao. Ainsi, ils peuvent produire du beurre de cacao, de la poudre et de la liqueur et les exporter eux-mêmes. Pedro Venegas, se réjouit : « Nous étions forcés de vendre nos fèves brutes à n’importe quel acheteur qui se présentait. Maintenant nous pourrons prendre l’initiative. »[7]. Pour cela, trois mille paysans se sont organisés en coopérative.
Même le tourisme peut devenir plus social. Par exemple, sur la célèbre et paradisiaque Isla Margarita, l’hôtel Residencia Guaiqueri, menacé de faillite, a réussi à se reconvertir. A présent, il est géré en coopérative. L’ancien patron dirige toujours le travail, mais dorénavant chaque travailleur a son mot à dire et est traité en égal. L’hôtel accueille à présent des centaines de fonctionnaires qui reçoivent des bons de vacances et paient seulement dix dollars la nuit. Les douze emplois ont pu être sauvés, et l’hôtel a même engagé seize nouveaux employés parmi la population pauvre et non qualifiée.[8]
Dans le secteur des petits services, j’ai senti le même enthousiasme. Sur un grand parking du quartier 23 janvier dans la banlieue de Caracas, Alfonso s’arrête un instant de balayer pour nous expliquer comment fonctionne cette petite société de nettoyage et d’embellissement :
« Nous nous sommes associés à quarante. Cette société nous appartient maintenant, et nous surveillons nous-mêmes notre travail. »[9]
Les mentalités changent-elles facilement ? Alida explique comment son atelier gère l’absentéisme : « Si une travailleuse souffre d’un problème de santé légitime, elle peut bénéficier d’un congé tout en recevant le même salaire que n’importe qui d’autre. Par contre, à la fin de l’année, le bénéfice de la coopérative est redistribué à chaque travailleur sur la base du nombre de jours travaillés. » Et ça marche. L’an dernier, les ouvrières ont gagné presque autant en bénéfices qu’avec leur salaire.[10]
Tout comme les entreprises autogérées, les coopératives sont donc très utiles dans le contexte actuel du Venezuela. D’abord, elles élargissent le secteur productif et diminuent le chômage. Ensuite, elles apprennent aux gens à s’auto – organiser, à rompre avec la passivité et le fatalisme. Enfin, elles introduisent des comportements économiques nouveaux, qui ne sont pas tournés vers le seul profit, mais prennent aussi en compte la valorisation des membres et la satisfaction des besoins de la société.
Dans un pays peu développé, le système coopératif apparaît donc comme un facteur indispensable pour mettre en place une économie populaire. Par exemple, les coopératives de pêcheurs ont obtenu de bons résultats, parvenant à battre en brèche le monopole des grosses compagnies.
Actuellement, les coopératives occuperaient environ 7% de la main d’œuvre du pays. Ce pourcentage semble appelé à augmenter. Seulement, sans un appui solide de l’Etat, soit elles resteront limitées à des secteurs tout à fait marginaux, soit elles se feront éliminer par les grosses sociétés qui dominent le marché. Comme ce fut le cas en Europe au début du vingtième siècle.
L’économiste José Rivas nous confirme ce danger : « Prenez une coopérative de poulets. Elle travaille bien. Seulement, ce sont les multinationales qui contrôlent les couveuses, les aliments et la distribution. Comment voulez-vous qu’elles ne se fassent pas étrangler ? La pression est telle qu’en fait, ces coopératives risquent juste de servir de couverture pour une main d’œuvre purement capitaliste, mais non taxée ! » Aussi, un nouveau ministère de l’Economie populaire a été chargé de les protéger et les aider à se développer. L’Etat leur fournit des crédits intéressants et passe des contrats avec elles. De plus, la mission Vuelvan Caras distribue des bourses et organise des formations en gestion, comptabilité et autres techniques.
Changer les mentalités prendra du temps
Car il faut admettre que tout n’est pas rose. D’après l’organisme de contrôle, la moitié des coopératives seraient en situation irrégulière, ne fournissant pas leurs comptes de façon régulière et satisfaisante.
D’une part, de nombreuses coopératives sont en réalité des entreprises capitalistes classiques qui se sont déguisées pour bénéficier des avantages des nouvelles lois et ne pas payer certaines taxes. D’autre part, beaucoup fonctionnent de façon inefficace, car les coopérateurs manquent soit de conscience, soit d’expérience. N’ayant pas appris, par exemple, comment organiser une chaîne de travail. Il y a bien eu une formation au départ, mais elle n’est pas permanente. Autre problème : l’égalitarisme. Beaucoup de membres entendent appliquer d’emblée l’égalité dans les salaires. Mais ce n’est pas très réaliste, et des cadres ou travailleurs qualifiés vont donc chercher ailleurs.
Finalement, il semble que l’idée des coopératives soit excellente, mais bien difficile à réaliser. Quelques-unes ont atteint un réel niveau d’efficacité économique, mais la plupart sont encore incapables de soutenir la concurrence du secteur privé pour l’efficacité, les prix, la qualité. A cause de l’improvisation et d’une mauvaise utilisation des fonds publics, l’Etat a perdu des dizaines de millions de dollars.
Piloter une expérience aussi nouvelle n’est pas simple, indique Steve Ellner professeur à l’université d’Oriente – Anzoategui (Venezuela) :
« Le ministère a tenté d’exercer davantage de contrôle, mais il se peut qu’il ait versé dans l’excès inverse. Les coopératives sont désormais tenues de demander tous les trois mois au bureau principal du ministère, à Caracas, un certificat attestant qu’elles ont bien assumé leurs responsabilités. Les démarches, qui incluent la présentation d’un bilan signé par un expert-comptable, demandent énormément de temps. Par ailleurs, la coopérative doit prouver sa solvabilité en matière d’obligations financières envers des agences gouvernementales telles que la sécurité sociale ou encore l’institut de formation professionnelle. »[11]
Face à ce bilan très mitigé, faut-il tout jeter ? Non, répond José Rivas :
« C’est vrai qu’il n’y en a peut-être que 5% de valables jusqu’à présent. Beaucoup se sont formées pour voler l’Etat ou précariser la main d’œuvre. En fait, on manque de statistiques précises ; bientôt, seront réalisées les premières statistiques économiques depuis vingt ans. Même si une minorité seulement peut être qualifiée de succès, même si les former est difficile, il faut leur laisser du temps pour acquérir cette formation, pour développer une culture du travail productif. » Il faut ajouter une condition, estime l’économiste Rafael Enciso : « Une planification économique sérieuse doit absolument préciser quels types de coopératives sont nécessaires, pour remplir quelles tâches, et avec quelle formation idéologique. »
Pour le journaliste argentin Guillermo Almeyra, c’est dans ce défi que se joue l’avenir du Venezuela :
« Chavez veut ‘semer le pétrole’, c’est-à-dire développer avec la richesse pétrolière la production d’aliments et de produits agroindustriels. Mais pour que cette intention louable devienne réalité, il ne suffit pas de verser des subsides aux paysans pour qu’ils ne quittent pas la campagne pour la ville : il faut leur donner des terres, du soutien technique et, surtout, des conditions politiques pour leur permettre de surmonter de la bureaucratie durant une première phase pendant laquelle ils devront apprendre, en trébuchant, comment produire en autogestion et comment répondre à un marché intérieur imprécis et en formation. »[12]
Les coopératives ont donc besoin de temps pour se former et élever leur niveau de conscience. C’est tout un processus. Mais celles qui ont résisté à l’épreuve du temps ont réussi à réintégrer de nombreux exclus dans l’économie productive. Elles ont permis à leurs membres d’acquérir des compétences de gestion et de changer leur attitude dans le sens de la coopération et de la solidarité. Ainsi, les membres des coopératives sont légalement tenus de travailler pour leur communauté, par exemple en assurant un service de maintenance dans les écoles ou en distribuant des cadeaux de Noël aux enfants. De plus, partager les bénéfices de l’entreprise permet de rompre avec la tradition du travail salarié.
Les usines récupérées
Aux coopératives, il faut ajouter ce qu’on appelle les ‘usines récupérées’. Il s’agit d’usines que leurs patrons ont fermées, et dont les ouvriers tentent de continuer la production avec le soutien de l’Etat.
Comment ça se passe ? Soit l’Etat négocie la reprise avec les propriétaires, soit il les exproprie moyennant une indemnité raisonnable. Il remet alors l’entreprise aux travailleurs qui devront lui verser une redevance. La gestion est confiée conjointement aux élus des travailleurs et aux représentants de l’Etat.
Exemple : l’entreprise Sanitarios Maracay. Lorsque ses 800 travailleurs ont fait grève pour exiger le paiement effectif des salaires et le respect des conditions légales de travail, le patron Alvaro Pocaterra a fini par mettre la clé sous le paillasson, préférant investir ses capitaux dans des affaires lui rapportant plus. Pourtant, l’usine disposait de bonnes machines et sa production s’écoulait. Avec les besoins du pays en nouveaux logements, c’était certainement une production utile. L’Etat a donc aidé les travailleurs à la continuer. Sauver des entreprises que la bourgeoise vénézuélienne laisse tomber, c’est empêcher la désindustrialisation, c’est préserver le pouvoir d’achat et l’emploi. Egalement dans les entreprises sous-traitantes.
Mais, après un an, l’expérience de Sanitarios Maracay a pris fin. Ce n’est pas le seul échec d’une usine récupérée. En cause, notamment : les divisions qui marquent le mouvement syndical. Comment continuer une usine autogérée sans que les travailleurs se transforment en patrons ? Au sein du mouvement ouvrier, ce débat ne fait que commencer.
C’est qu’il s’agit d’introduire peu à peu une autre logique économique. Haïman El Troudi, un proche conseiller de Chavez, propose d’appeler « entreprises de production sociale » ces usines récupérées ainsi que les coopératives :
« Les Entreprises de Production Sociale produisent pour satisfaire les besoins sociaux, et non pas dans l’objectif de vendre pour vendre et d’augmenter leurs revenus. Elles ne cherchent pas à stimuler la consommation de biens superflus ou luxueux, elles se concentrent sur la fabrication de produits fondamentaux pour la subsistance des humains. Elles accomplissent des prestations sociales au bénéfice de leurs communautés, elles se lient aux conseils communaux, elles tissent des relations de commerce équitable, rompent les chaînes de la distribution et de la spéculation, construisent des relations de démocratie directe à l’intérieur des unités de travail, donnent une rémunération digne aux travailleurs : à chacun selon ses besoins et selon son travail, elles prennent un engagement écologique envers les générations futures… » [13]
Transformer la société implique de transformer l’homme. Comme Che Guevara, mais avec d’autres méthodes, Chavez ambitionne de préparer « l’homme nouveau ». Une tâche de longue haleine.
Pourquoi la réforme agraire n’avance pas très vite
Pour qu’une réforme agraire réussisse, il faut que les petits paysans – qui partent avec un handicap face aux grosses exploitations et aux importations des multinationales étrangères – obtiennent des terres, mais aussi des crédits à bon marché, des machines modernes, des formations techniques.
Mais ça ne suffit pas. Face aux multinationales qui dominent les marchés internationaux, l’Etat devra également jouer un rôle important. Notamment en aidant à relancer les productions locales traditionnelles qui ont été délaissées ou carrément abandonnées lorsque le Venezuela est devenu un Etat accro au pétrole.
Par exemple, le chocolat. Le cacao vénézuélien est de grande qualité. Actuellement, il s’exporte en Suisse, en Italie, en Belgique. Et revient au Venezuela sous forme de… bâtons bien plus chers. La matière première vient du Sud, le profit se réalise dans le Nord. Pareil pour la canne à sucre et le café. Dans les Andes et à l’est du pays, on cultive un café qui pousse à l’ombre et donne des grains de grande qualité, aux arômes doux et puissants. Il exige davantage de main d’œuvre, mais pourrait développer les exportations.
Comment développer des productions locales plus élaborées qui créent de la valeur dans le pays même ? L’Etat devra aider les coopératives paysannes à acquérir le savoir-faire nécessaire et à récupérer le contrôle des produits.[14]
Toutes les réformes agraires qui ont eu lieu en Amérique Latine ont échoué faute d’avoir assuré ces diverses tâches. Avec Chavez, c’est différent. D’abord, de nombreux paysans ont participé à la rédaction de la nouvelle loi générale sur les terres et le développement agraire du 9 novembre 2001. Ensuite, un Institut National des Terres a été créé pour mettre en oeuvre la réforme agraire. Tandis qu’un Institut National du Développement Rural s’occupe des crédits, des technologies, de la formation technique et de la construction des routes. Enfin, la Corporation Agricole Vénézuélienne (CVA) est chargée de commercialiser les produits des paysans.
En 2004, le gouvernement installe cent trente mille familles sur environ deux millions d’hectares. En 2005, il concède deux cent mille hectares à des coopératives dont la priorité sera de produire pour le Venezuela. Dans un pays où d’importantes surfaces servent à l’industrie agro-alimentaire (sucre, farine, boissons fermentées), ceci représente un changement de modèle agricole : « Nous devons produire de la nourriture pour la nation », explique le paysan José Hernandez lors d’une occupation de terre, dans l’Etat de Yaracuy.
Indispensable donc, la réforme agraire s’est pourtant opérée de façon très prudente. Ne touchant que les propriétés de plus de cinq mille hectares, considérées comme improductives. Et encore, ces terres ne peuvent être expropriées que partiellement et moyennant compensation financière au prix du marché.
Chavez avait pris une position claire dès 2001 : « Certains secteurs s’opposent à la réforme agraire.
Nous comprenons qu’ils s’y opposent, mais nous comprenons davantage l’intérêt de l’immense majorité des paysans, des petits producteurs, des producteurs moyens, des familles vénézuéliennes qui n’ont jamais obtenu le droit à la terre, un facteur vital pour le développement du pays, pour le développement intégral du Venezuela. »[15]
Mais la réforme agraire est combattue très violemment par les grands propriétaires de terres alliés à la bourgeoisie compradore. En quatre années à peine, cent trente paysans ont été assassinés par leurs milices. Malheureusement, la plupart de ces meurtres restent impunis. Dans certaines régions du pays encore contrôlées par l’opposition, des groupes paramilitaires liées aux forces colombiennes maintiennent une activité importante en toute impunité, grâce à l’appui d’éléments corrompus de la police et de la Justice vénézuéliennes.
Face à cette violence, Chavez a radicalisé son orientation. En 2005, parlant dans l’exploitation récupérée Hato La Marquesana (dont 80% des terres étaient inutilisées), il a prononcé ces paroles fortes : « Le latifundio doit disparaître du pays, car il affecte gravement la production nationale. »
Mais on doit à la vérité de dire que si la réforme agraire avance très lentement, ce n’est pas seulement à cause de la violence des milices, mais aussi à cause de la bureaucratie. Ce mal qui atteint tout l’appareil d’Etat, contamine également les instances chargées d’aider les paysans. En conséquence, la productivité des petites entreprises agricoles reste beaucoup trop basse. Elles ne peuvent concurrencer les importations qui ont fortement augmenté ces dernières années avec la hausse du pouvoir d’achat. De plus, tant qu’il est possible d’importer des aliments étrangers meilleur marché, les gens des villes sans travail ou à bas revenus ne seront pas motivés pour aller travailler à la campagne. Bref, la souveraineté alimentaire est un beau projet, mais encore loin d’être réalisé.
Beurre français contre beurre vénézuélien
Ce ne sont pas seulement les grands propriétaires que les paysans affrontent, ce sont aussi les intérêts de l’industrie et du commerce alimentaires.
Voici les données du problème :
- La fédération patronale des entreprises alimentaires contrôlerait actuellement 86% de la distribution des aliments du pays; le réseau alternatif Mercal n’en contrôlerait que 14%.
- Aujourd’hui encore, le Venezuela importe 85% de ses aliments. Même la chaîne Mercal, aussi surprenant que cela paraisse, distribue encore une majorité de produits importés.
Si vous entrez dans un supermarché de Caracas, vous serez frappé de le voir envahi, aujourd’hui encore, par les produits étrangers. Au Venezuela, on fabrique du beurre Maracay, mais c’est le beurre français Elle & Vire qui est moins cher et qui trône partout dans les étals.
Romain Migus, qui vit à Caracas, a son explication sur cette frénésie d’importations :
« En France, on considère normal un retour sur investissement de 30 ou 40%. Les capitalistes d’ici, il leur faut du 400% ! Si tu considères l’agriculture, c’est un investissement à long terme. Les premières années, tu ne gagnes pas. Mais, ici, les capitalistes se sont habitués au pétrole et ont toujours exigé des profits rapides. Donc, à l’agriculture et à ses bénéfices limités et lents, ils préfèrent le commerce, la spéculation.
Quand j’ai dû acheter un petit camion pour mon association, j’ai découvert les entreprises « attaché case plus téléphone portable ». Mon revendeur n’avait que ça et il se bornait à placer des camions importés. Les revendant 30%, 40% plus cher. Prenant de fortes commissions sur le prix, mais aussi sur l’assurance et les accessoires. Tout ça, c’est du parasitisme ! Ca se passe avec tous les produits du Nord qu’on se contente de revendre en touchant une grosse commission. On importe des camions, des ordinateurs, de la nourriture, des casseroles, du cuivre, du caoutchouc, du talc (toutes choses qui se produisent ici aussi) et on s’enrichit juste comme intermédiaire. Evidemment, ça détruit la production locale. »
L’Etat doit jouer un rôle important dans la nouvelle économie
Qu’il s’agisse de la réforme agraire, des coopératives ou des usines récupérées, on voit que l’Etat vénézuélien joue un rôle important. Il protège des forces sociales qui risquent d’être écrasées. Il organise une coopération entre des classes qui ont certes des contradictions entre elles, mais qui ont aussi un commun intérêt à échapper aux multinationales. Ce rôle de l’Etat peut étonner. Ne dit-on pas en Europe que l’Etat doit se désengager de l’économie et en faire le moins possible ?
En fait, il s’agit de deux types d’Etat bien différents. Au Nord, l’Etat sert les multinationales même s’il fait tout pour que ça ne se voie pas trop. Avec Chavez, il s’agit de construire un Etat totalement différent, défendant vraiment l’intérêt général. La tâche de cet Etat sera de protéger les faibles, mais aussi d’assurer un développement ‘intégral’ du pays. C’est-à-dire : coordonnant tous les secteurs et ne se limitant pas aux secteurs qui profitent à l’élite.
Pourquoi revient-il à l’Etat de diriger le développement du pays ? Parce que la bourgeoisie nationale, comme nous l’avons vu, n’a pas la force de tenir tête aux multinationales. Dans le tiers monde, il est donc indispensable que l’Etat joue un rôle central dans l’économie. Relancer la production, récupérer des entreprises détournées ou sacrifiées, redistribuer les revenus, mettre fin à l’évasion des capitaux, placer le secteur financier au service des autres, contrôler les échanges avec l’étranger, utiliser les revenus du pétrole, du gaz et des matières premières afin de créer d’autres industries, investir dans les travaux d’infrastructure nécessaires : ports, autoroutes, train, métro…
Tout ceci exige un Etat puissant et actif. Ce fut une condition nécessaire au développement des Etats-Unis, de l’Allemagne et du Japon au 19ème siècle. Et de la Chine au 20ème. De même, tout pays du tiers-monde qui entend se développer aura besoin d’un Etat fort.
Les 49 Lois fondamentales : rupture avec le passé
Pour donner du pouvoir à l’Etat sur l’économie, Chavez commence par faire adopter, en novembre 2001, les 49 Leyes habilitantes, sorte de lois fondatrices fixant les principes de base des divers secteurs économiques. L’idée générale, c’est de démocratiser la propriété et la production.
Bien entendu, tout doit commencer par le pétrole qui ne peut rester un ‘excrément du diable’. Dorénavant, il doit faire le bonheur de la nation, et non son malheur. Donc, la nouvelle Loi des hydrocarbures met fin à la privatisation rampante des vingt dernières années.
En récupérant la maîtrise sur l’or noir, l’Etat vénézuélien pourra le mettre au service d’un développement équilibré de l’économie dans son ensemble. A condition de « semer le pétrole », comme dit Chavez, c’est-à-dire de redistribuer intelligemment cette manne financière… Les autres ressources du sous-sol (or, diamant, cuivre, nickel, uranium…) devront aussi être utilisées de façon rationnelle et socialement utile.
Parmi ces 49 lois, il faut signaler : 1. La loi des terres qui permet à l’Etat de saisir et redistribuer des terres privées. 2. La loi de la pêche qui agrandit la zone de mer territoriale à six milles marins et surtout favorise la pêche artisanale au chalut afin de préserver l’équilibre écologique. 3. La loi de micro – financement qui soutient l’économie sociale et notamment l’incorporation des femmes au marché du travail au travers de petites entreprises.
Avec ces 49 lois, la porte s’ouvre pour une nouvelle conception de l’économie et de la société…
Empêcher l’argent de partir
Pour jouer son rôle, le nouvel Etat doit maîtriser deux problèmes clés : 1. Empêcher l’argent de partir. 2. Contrôler les secteurs stratégiques.
Comme les impôts n’étaient guère perçus, le gouvernement a repris en main les services fiscaux. Seulement, pour que l’argent rentre dans les caisses, il faut d’abord l’empêcher de quitter le pays. Début 2003, lorsque la droite vénézuélienne a organisé sa deuxième tentative de coup d’Etat en sabotant le pétrole et l’économie, elle a aussi organisé une fuite massive de capitaux, estimée à un milliard de dollars en un mois ! Or, à l’époque, les réserves de la Banque centrale s’élevaient à peine à douze milliards.
Le pouvoir a riposté en instaurant immédiatement un contrôle total sur les changes. Il fallait absolument empêcher cette fuite massive des capitaux et la mise en faillite de toute l’économie vénézuélienne. Depuis, la Banque centrale vénézuélienne est responsable de la totalité des changes avec l’extérieur. Dorénavant, la monnaie nationale s’échange à un taux fixe et stable : 2,15 bolivars pour un dollar. D’autre part, les réserves de change de la dite Banque centrale ont été portées à trente milliards de dollars.
Bien sûr, les Vénézuéliens riches hurlent que tout ceci viole les libertés les plus sacrées et qu’ils ont le droit de faire ce qu’ils veulent avec leurs capitaux. Fort bien, mais cette affirmation mérite peut-être un débat. Sont-ce bien ‘leurs’ capitaux ? Si ces fortunes ont été construites en détournant les richesses de l’Etat, en faisant main basse sur les richesses naturelles de la nation, en exploitant et réduisant à la misère des paysans qu’on a dépouillés de leurs terres, à qui appartient au fond cet argent ?
Et si on invoque les droits de l’homme, on peut aussi poser le problème d’une autre manière. Les propriétaires de ces capitaux réclament le droit de les faire circuler en totale liberté, de quitter massivement un pays pour gagner un peu plus dans un autre, et puis de quitter rapidement celui-là pour un troisième, et ainsi de suite. Cette ‘liberté’ aura pour effet qu’aucun gouvernement dans le monde ne pourra jamais réaliser un programme social car il sera soumis en permanence au chantage de ces capitalistes.
La droite prétend que ce contrôle des changes aurait des effets néfastes sur les échanges commerciaux. En réalité, après ces mesures, les importations ont carrément augmenté de 40% dès l’année 2005. Et la reprise de l’économie a permis d’affecter 5,5 milliards d’euros à des programmes sociaux. Comme l’explique la chercheuse française Yannick de la Fuente :
« Loin de provoquer un isolement et une paupérisation du pays, le contrôle des changes a permis à un gouvernement régulièrement élu par ses citoyens de mettre en place une politique macroéconomique de développement social. »[16]
NOTES:
[1] James Petras, Propuestas para el Nuevo Orden Social, Economico y Cultural, www.rebelion.org, 21 mai 2006.
[2] Hugo Chávez, Caracas, discours du 23 juillet 2003.
[3] Hugo Chávez, Caracas, discours du 23 juillet 2003.
[4] Hugo Chávez, Caracas, discours du 23 juillet 2003.
[5] Extrait du film Bruxelles-Caracas de Vanessa Stojilkovic, ajouter lien définitif site, comme les citations suivantes des coopératives du Noyau Fabricio Ojeda.
[6] Vanessa Stojilkovic, film documentaire Bruxelles-Caracas, 2006.
[7] Chris Kraull, Los Angeles Times, 21 août 2006.
[8] Chris Kraull, Los Angeles Times, 21 août 2006.
[9] Vanessa Stojilkovic, film documentaire Bruxelles-Caracas, 2006.
[10] Steve Ellner, www.inthesetimes.com, septembre 2007.
[11] Steve Ellner, www.inthesetimes.com, septembre 2007.
[12] Guillermo Almeyra, L’économie, talon d’Achille du Venezuela, mars 2008, www.amlatinetrecuerdo.blogspot.com
[13] Haïman El Troudi, 18 questions et réponses sur le socialisme du 21ème siècle, inédit.
[14] Mario Sanoja, conférence prononcée à Montevideo, 24 avril 2006, communication personnelle.
[15] Hugo Chavez, Déclaration à la signature des lois habilitantes, 9 novembre 2001.
[16] Yannick-Hélène de la Fuente, Hugo Chavez, la révolution bolivarienne et la décroissance, inédit, 2004.
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Michel Collon est un militant communiste, journaliste, essayiste belge, fondateur du collectif indépendant Investig’Action, relayé par un site Internet qu’il gère avec une équipe de bénévoles. Il se présente sur son site comme « spécialiste de la désinformation »1. Il évoque dans plusieurs de ses livres le concept de « médiamensonge » en dénonçant la propagande servant à justifier l’entrée en guerre d’un pays contre un autre.
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