(Français) 25e Anniversaire de la Déclaration et du Programme d’Action des Nations Unies sur Une Culture de la Paix

ORIGINAL LANGUAGES, 9 Dec 2024

David Adams | Transition to a Culture of Peace – TRANSCEND Media Service

1er décembre 2024 – Il y a vingt-cinq ans, en septembre 1999, l’Assemblée Générale des Nations Unies (UNGA) adoptait la Déclaration et le Programme d’Action sur Une Culture de la Paix, que beaucoup ont comparés à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme comme étant les résolutions les plus importantes de son histoire. Ayant été profondément impliqué dans sa préparation, j’ai pensé qu’il serait approprié d’en fournir les détails historiques.

Mon engagement envers la culture de la paix remonte à 1988, lorsque j’en ai entendu parler par Père Felipe MacGregor, un Péruvien, lors des préparatifs de la conférence de Yamoussoukro. C’est à cette conférence, un an plus tard, qu’a été adoptée sa proposition de culture de la paix. MacGregor avait publié en 1986 un livre intitulé Cultura de Paz, écrit et magnifiquement illustré pour un public d’écoliers.

Au fil des ans, mon engagement s’est approfondi lorsque je suis allé à l’UNESCO, comme je le décris en détail dans mon Histoire Préliminaire de la Culture de la Paix. J’ai eu l’honneur de me voir confier des responsabilités importantes en matière de culture de la paix par le Directeur général Federico Mayor, qui a annoncé dans son discours de réélection de 1993 : « J’ai l’intention de me consacrer personnellement, dans les années à venir, à la culture de la paix. »

L’implication de l’Assemblée générale des Nations Unies dans la culture de la paix a commencé en 1995 lorsque le bureau de l’UNESCO à New York, dirigé à l’époque par Jorge Wertheim et comprenant Anita Amorin, a travaillé avec un certain nombre de délégations latino-américaines, dont celle du Pérou, ce qui a abouti à la résolution A/50/173, adoptée en décembre 1995. La résolution demandait à l’UNESCO de faire rapport à l’Assemblée générale à sa 51eme session sur l’avancement des activités éducatives dans le cadre du projet transdisciplinaire intitulé « Vers une culture de la paix ».

En 1996, Nina Sibal a succédé à Werthein à la tête du bureau de New York de l’UNESCO, et elle a poursuivi ce travail. En juillet, elle nous a demandé à l’UNESCO de préparer un projet de résolution pour les États membres avec lesquels elle travaillait, et au nom du Directeur général Mayor, j’ai rédigé et lui ai envoyé une proposition. Cela a conduit à la résolution A/51/101 de l’Assemblée générale des Nations Unies en décembre 1996 demandant à l’UNESCO de préparer et de soumettre « des éléments pour un projet de déclaration provisoire et de programme d’action sur une culture de la paix » pour sa 52e session.

Le Directeur général Mayor m’a chargé d’élaborer le programme d’action et il a demandé à Sema Tanguiane d’élaborer la déclaration. Tanguiane, lorsqu’il était sous-directeur général de l’UNESCO en 1974, avait pris l’initiative de rédiger et d’adopter la recommandation historique de 1974 concernant l’éducation pour la compréhension, la coopération et la paix internationales et l’éducation relative aux droits de l’Homme et aux libertés fondamentales. Lui et moi avons bien travaillé ensemble.

En 1996, les principaux thèmes du programme d’action ont été préfigurés dans un article que j’ai préparé avec Michael True pour la Newsletter de l’International Peace Research. Les six thèmes étaient la transition des méthodes de la culture de la guerre à celles d’une culture de la paix :

(i) le pouvoir défini non pas en termes de violence mais de non-violence active,
(ii) la tolérance et la solidarité au lieu des images de l’ennemi,
(iii) la participation démocratique au lieu de l’autorité hiérarchique,
(iv) le partage de l’information au lieu du secret et du contrôle de l’information,
(v) le partage du pouvoir entre hommes et femmes au lieu de la domination masculine,
(vi) la coopération et le développement durable au lieu de l’exploitation.

En 1997, ces six thèmes ont été inclu dans un projet de programme d’action que j’ai envoyé en avril et mai aux secteurs de l’UNESCO pour demander leur contribution. Les projets ont été révisés sur la base des contributions substantielles d’Ingeborg Breines de l’Unité de la culture de la paix, de Doudou Diene du Secteur de la culture et d’Alain Modoux et Choy Arnaldo du Secteur de la communication.

Avec l’accord du Directeur général Mayor, notre projet de Déclaration et de Programme d’action sur une culture de la paix a été inclus dans le rapport envoyé à l’Assemblée générale des Nations Unies et publié comme A/52/292 en septembre 1997.

Le document A/52/292 comprenait les éléments comme ci-dessu pour un projet de programme d’action provisoire des Nations Unies sur une culture de la paix.

A. Buts
B. Stratégies
C. Mesures visant à promouvoir la non-violence et le respect des droits de l’Homme
D. Mesures visant à favoriser la participation démocratique et le développement humain durable pour tous
E. Mesures visant à assurer l’égalité entre les femmes et les hommes
F. Mesures visant à soutenir la communication participative et la libre circulation ainsi que la mise en commun des informations et des connaissances
G. Mesures visant à promouvoir la compréhension, la tolérance et la solidarité entre tous les peuples et toutes les cultures
H. Coordination et popularisation des mesures tendant à promouvoir une culture de la paix

La dernière section du document A/52/292 comprenait les paragraphes suivants :

107. Afin de promouvoir un mouvement mondial, il conviendrait d’établir entre les Nations Unies et les États Membres des partenariats pour une culture de la paix, avec la participation de diverses organisations intergouvernementales, gouvernementales et non gouvernementales, ainsi que d’éducateurs, de journalistes, de parlements, de maires etr de membes des communautés religieuses, et le concours des organisations de jeunes et de femmes.

108. Une vision cohérente de la culture de la paix, résumant dans le langage de tous les jours la déclaration et le programme d’action, devrait être largement diffusée auprès des jeunes.

L’Assemblée générale des Nations Unies n’a pas repris la Déclaration et le Programme d’action en 1997, mais dans sa résolution A/52/13 sur la culture de la paix de janvier 1998, elle a pris note de la réception des projets figurant dans la résolution A/52/292 et a de nouveau demandé à l’UNESCO de soumettre à l’Assemblée générale, pour sa 53e session, un rapport consolidé contenant un projet de déclaration et de programme d’action sur une culture de la paix.

Nous avions déjà obtenu des contributions des secteurs de l’UNESCO, mais cette fois, le Directeur général a écrit à toutes les institutions spécialisées des Nations Unies et aux autres organisations intergouvernementales le 14 février 1998 pour leur demander leur contribution. Comme cela a été signalé au Directeur général le 6 mars 1998, le Directeur du bureau de New York, avec mon soutien au siège, a demandé aux principaux comités exécutifs des Nations Unies de fournir leurs contributions.

En septembre 1998, nous avons envoyé une nouvelle version du projet de Déclaration et de Programme d’action de l’UNESCO à l’Assemblée générale des Nations Unies par l’intermédiaire du Secrétaire général des Nations Unies, qui a été publiée sous la cote A/53/370. Elle comprend une liste de toutes les agences qui ont contribué au document dans chacun des huit domaines du Programme d’action.

Le document A/53/370 comprend désormais les sections suivantes du programme d’action :

(i). Mesures visant à promouvoir le respect des droits de l’Homme
(ii). Mesures visant à développer l’éducation, la formation et la recherche pour la paix et la non-violence
(iii). Mesures visant à instaurer le développement humain durable pour tous
(iv). Mesures visant à favoriser la participation démocratique
(v). Mesures visant à assurer l’égalité entre les femmes et les hommes
(vi) Mesures visant à soutenir la communication participative et la libre circulation ainsi que la mise en commun des informations et des connaissances
(vii) Mesures visant à promouvoir la compréhension, la tolérance et la solidarité entre tous les peuples et toutes les cultures
(viii) Coordination avec les mesures visant à promouvoir la paix et la sécurité internationales
(ix) L’Année internationale de la culture de la paix

Ces sections sont similaires aux sections C à G du document fourni en 1997 avec l’ajout d’une section sur l’éducation à la paix, la séparation entre la participation démocratique et le développement humain durable, et l’ajout de la paix et de la sécurité internationales qui avaient été omises auparavant parce que les États membres insistaient sur le fait que cette responsabilité relevait du Conseil de sécurité de l’ONU et non de l’UNESCO.

Le document A/53/370 comprenait également les paragraphes suivants, le premier étant repris de 1997 et le second étant un nouvel ajout :

4. Pour promouvoir un mouvement mondial, il conviendrait d’élargir et de renforcer entre l’ONU et les États membres des partenariats pour une culture de la paix, avec la participation de diverses organisations intergouvernementales, gouvernementales et non gouvernementales, ainsi que d’éducateurs, d’artistes, de journalistes, de parlementaires, de maires et de représentants des autorités locales, de militaires, de religieux et avec le concours d’organisations de jeunes et de femmes.

5. La stratégie devrait inclure la mobilisation de ressources en faveur de ce programme d’action, notamment de ressources extrabudgétaires et de contributions volontaires permettant à des institutions publiques et privées d’apporter un soutien financier à sa mise en oeuvre.

En 1999, après son arrivée à l’ONU, le document A/53/370 s’est heurté à l’opposition des grandes puissances et a dû passer par neuf mois de « consultations informelles » (peut-être le plus long de l’histoire de l’ONU) avant d’être finalement adopté. La personne qui a géré ce « processus de naissance » avec beaucoup de diplomatie et de talent est l’ambassadeur du Bangladesh, Anwarul Chowdhury. J’ai décrit ce processus en détail ailleurs.

En raison de l’opposition des grandes puissances, la Déclaration et le Programme d’action ont été retardés et adoptés par consensus le 13 septembre 1999, le dernier jour de la session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Si une résolution n’est pas adoptée lors de la session au cours de laquelle elle a été présentée, elle ne peut pas l’être lors d’une autre session. Malgré les efforts courageux de Chowdhury, toutes les références à la culture de la guerre ont été supprimées après que l’Union européenne s’est plainte qu’il n’y a pas de culture de la guerre dans le monde. Et les grandes puissances ont supprimé la section demandant un fonds volontaire pour sa mise en œuvre, de sorte qu’aucun fonds de l’ONU ne puisse être dépensé pour sa mise en œuvre.

Malgré l’opposition des grandes puissances et malgré la suppression de la référence à la culture de la guerre, la Déclaration et le Programme d’action pour une culture de la paix restent une feuille de route importante dans la transition d’une culture de la guerre à une culture de la paix. Tous ceux d’entre nous qui ont participé à son élaboration peuvent être fiers de nos efforts !

En guise de post-scriptum, il convient de noter que pour la première fois, l’Union européenne a publiquement déclaré son soutien officiel à la culture de la paix lors du Forum de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies sur la culture de la paix de 2024. La plupart des autres États membres (mais jamais les États-Unis) ont parrainé la résolution annuelle de l’ONU sur la culture de la paix.

______________________________________________________

Dr. David Adams est membre du TRANSCEND Network for Peace Development Environment et coordinateur du Culture of Peace News Network. Il a pris sa retraite en 2001 de l’UNESCO où il était directeur de l’Unité pour l’Année internationale des Nations Unies pour la culture de la paix. Auparavant, aux universités de Yale et de Wesley, il était un spécialiste des mécanismes cérébraux du comportement agressif, de l’histoire de la culture de la guerre et de la psychologie des militants de la paix. Envoyez lui un email.

Go to Original – decade-culture-of-peace.org


Tags: , , ,

Share this article:


DISCLAIMER: The statements, views and opinions expressed in pieces republished here are solely those of the authors and do not necessarily represent those of TMS. In accordance with title 17 U.S.C. section 107, this material is distributed without profit to those who have expressed a prior interest in receiving the included information for research and educational purposes. TMS has no affiliation whatsoever with the originator of this article nor is TMS endorsed or sponsored by the originator. “GO TO ORIGINAL” links are provided as a convenience to our readers and allow for verification of authenticity. However, as originating pages are often updated by their originating host sites, the versions posted may not match the versions our readers view when clicking the “GO TO ORIGINAL” links. This site contains copyrighted material the use of which has not always been specifically authorized by the copyright owner. We are making such material available in our efforts to advance understanding of environmental, political, human rights, economic, democracy, scientific, and social justice issues, etc. We believe this constitutes a ‘fair use’ of any such copyrighted material as provided for in section 107 of the US Copyright Law. In accordance with Title 17 U.S.C. Section 107, the material on this site is distributed without profit to those who have expressed a prior interest in receiving the included information for research and educational purposes. For more information go to: http://www.law.cornell.edu/uscode/17/107.shtml. If you wish to use copyrighted material from this site for purposes of your own that go beyond ‘fair use’, you must obtain permission from the copyright owner.

There are no comments so far.

Join the discussion!

We welcome debate and dissent, but personal — ad hominem — attacks (on authors, other users or any individual), abuse and defamatory language will not be tolerated. Nor will we tolerate attempts to deliberately disrupt discussions. We aim to maintain an inviting space to focus on intelligent interactions and debates.

63 + = 69

Note: we try to save your comment in your browser when there are technical problems. Still, for long comments we recommend that you copy them somewhere else as a backup before you submit them.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.