(French) Tragédie Grecque

ORIGINAL LANGUAGES, 4 Jul 2011

Guillaume Duval – Alternatives Economiques

Dans sa chronique pour Radio Nova, Guillaume Duval expose les deux possibilités en discussion pour sauver la Grèce : faire payer les contribuables européens ou faire payer les banques. Deux alternatives qui comportent chacune des risques politiques et économiques.

On ne parvient visiblement pas à sortir de l’affaire grecque. Pourquoi est-ce si difficile de trouver une solution acceptable ?

En effet c’est surprenant car la dette grecque est en fait, en elle-même, une petite affaire. La Grèce ne pèse que 2,5 % du PIB de la zone euro et même son énorme dette publique de 350 milliards d’euros ne représente jamais que 3,7 % du PIB de la zone. Autrement dit si on devait finir par en annuler la moitié comme il en est question cela représenterait une perte de 1,8 % des richesses qu’on produit chaque année dans la zone euro ou encore moins de 1 % du patrimoine financier détenu par les ménages européens. Ce n’est certes pas négligeable mais cela n’a rien à voir par exemple avec l’impact pour l’économie japonaise du tremblement de terre de mars dernier…

Mais alors pourquoi est-ce que ça coince autant ?

Parce que toutes les solutions envisageables peuvent avoir de lourdes conséquences au-delà du seul cas grec. En théorie l’affaire est simple : ce sont les Grecs qui ont dépensé trop d’argent public sans faire payer suffisamment d’impôts et c’est donc à eux de payer. Personne ne veut leur prêter d’argent à un taux raisonnable ? OK on peut se mettre d’accord pour leur en prêter à la place des investisseurs privés. C’est ce qui a été convenu, non sans difficultés, il y a un an. Simplement on se rend compte aujourd’hui que ça ne fonctionne pas : l’endettement des Grecs est si élevé qu’ils ne peuvent de toute façon pas rembourser. L’austérité d’enfer qu’ils se sont imposée a fait tellement plonger l’activité qu’au final les recettes publiques ont moins augmenté que prévu et que l’objectif convenu de réduction du déficit n’est pas atteint…

Qu’est-ce qu’on peut faire alors ?

Deux solutions sont possibles. La première consisterait à ce que les Européens remboursent une partie de la dette grecque à la place des Grecs. Cette solution, la plus simple, n’est cependant pas acceptable en particulier pour l’opinion publique allemande qui ne veut pas entendre parler de payer pour “ces paresseux du Club med”. L’autre solution, souhaitée par le gouvernement allemand, consiste à annuler, d’une façon ou d’une autre, une partie de la dette grecque. Cette solution présenterait l’avantage d’alléger la charge pesant sur les Grecs sans pour autant mettre à contribution les contribuables du reste de l’Europe. Elle présente par contre de nombreux inconvénients. Tout d’abord elle pèserait sur les banques, et au premier chef les banques grecques qui détiennent beaucoup de titres de dette publique, les poussant à la faillite. Elle déclencherait aussi le paiement des assurances prises sur le défaut de la dette grecque via le marché dit des Credit default swaps, les fameux CDS, avec des conséquences très difficiles à estimer a priori. Enfin, cela entraînerait une défiance vis-à-vis de l’ensemble des titres de dette publique de la zone euro et donc un renchérissement significatif des taux d’intérêt pour tous les pays européens. Bref, les objections de la BCE à une telle solution ne peuvent pas être balayées d’un revers de la main…

OK mais où en est-on du coup ?

Pas loin. Faute de choisir entre ces inconvénients, on s’en tient pour l’instant toujours à la fiction que les Grecs paieront… Avec le risque de plus en plus perceptible que, excédés, ils nous envoient valser. Et l’euro avec…

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