(Français) Quelques Documents d’Espoir
ORIGINAL LANGUAGES, 6 Nov 2023
David Adams | Transition to a Culture of Peace – TRANSCEND Media Service
Grâce à Roland Nivet du Mouvement de la Paix et à Jean-Marc Cléry du syndicat FSU, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec une centaine d’enseignants des écoles représentés par la FSU en Bretagne. Le blog de ce mois-ci s’appuie sur mes remarques.
1 novembre 2023 – Vos étudiants, comme tous les jeunes d’aujourd’hui, sont poussés au pessimisme par les médias et les déclarations de leurs gouvernements nationaux. Existe-t-il un moyen de leur donner de l’espoir pour l’avenir ?
Je veux vous donner quatre documents d’espoir. Cependant, vos étudiants doivent savoir qu’ils ne seront pas trouvés en écoutant les médias ou le gouvernement. En fait, les médias et le gouvernement veulent les empêcher de connaître ces documents. Laissez-moi vous raconter quelque chose sur leur histoire.
La première est la Déclaration de Séville. En 1986, Année internationale pour la paix des Nations Unies, j’étais l’un des vingt scientifiques réunis à Séville, en Espagne, pour répondre à la question suivante : « La biologie et les sciences sociales modernes connaissent-elles des facteurs biologiques qui constituent un obstacle insurmontable à la paix mondiale ?” Les scientifiques venaient de toutes les régions du monde et de toutes les disciplines scientifiques concernées, y compris les experts les plus éminents en matière de comportement animal, de recherche sur le cerveau sur l’agressivité et de génétique du comportement. Après avoir examiné les données scientifiques, nous sommes arrivés à la conclusion que la guerre est une construction sociale et non biologique, et, citant la grande anthropologue Margaret Mead, « la même espèce qui a inventé la guerre est capable d’inventer la paix. »
La Déclaration de Séville a été adoptée comme politique par l’UNESCO et par de nombreuses organisations scientifiques, notamment l’American Psychological Association, l’American Anthropological Association et l’American Sociological Association. J’ai organisé la conférence de presse pour l’annoncer. Lorsque j’ai appelé les principales agences de presse, elles m’ont dit qu’elles n’étaient pas intéressées, et l’une d’entre elles m’a même dit : « mais rappelez-nous quand vous aurez trouvé le gène de la guerre ».
Même le journal Science, le magazine d’information officiel des associations scientifiques américaines, a refusé de venir à la conférence de presse. Nous avons donc envoyé une lettre à l’éditeur, signée par le président de plusieurs organisations scientifiques, dont l’American Psychological Association, qui était techniquement leur patron, mais ils ont refusé de la publier.
C’était seulement quelques années avant, que le Sénat américain a crée une commission afin d’examiner l’infiltration des médias par la CIA. La commission a constaté que toutes les grandes agences de presse disposaient d’au moins un agent de la CIA pour déterminer ce qu’elles pouvaient imprimer. Un jour, quand les archives de la CIA seront ouvertes, je pense qu’ils découvriront qu’il y avait même un agent dans le journal Science.
Grâce à l’un des signataires de la Déclaration de Séville, Federico Mayor, je suis parti travailler pour l’UNESCO. Il a contribué à la rédaction de la Déclaration en 1986, et a été choisi comme Directeur général de l’UNESCO en 1987, à la suite de quoi, il m’a invité à venir à l’UNESCO pour diffuser la Déclaration.
À l’UNESCO, j’ai proposé le programme de culture de la paix et je suis devenu responsable de l’Année internationale des Nations Unies pour la culture de la paix, l’Année 2000. À ce titre, nous avons produit deux documents d’espoirs importants.
L’un d’entre eux était la Déclaration et le Programme d’action sur une culture de paix que nous avons envoyés par l’UNESCO à l’Assemblée générale des Nations Unies où il a été adopté en 1999. Le document décrit un programme pour la culture de la paix avec huit domaines d’action. Cette approche a été adoptée par le Mouvement de la Paix.
L’adoption de la Déclaration et du Programme d’action a rencontré des oppositions à chaque étape de son développement par les États-Unis et l’Union européenne. Premièrement, ils ont tenté d’empêcher la soumission du projet de document en affirmant qu’il n’avait pas été approuvé par le Conseil exécutif de l’UNESCO. Ils ont ensuite tenté d’arrêter le processus d’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies, ce qui a conduit à un nombre record de séances de consultations informelles au cours desquelles ils ont exprimé leur opposition. Au cours de ce processus, ils ont réussi à supprimer toute référence à la culture de guerre, insistant qu’il n’y a pas de culture de guerre dans le monde. Le projet de document avait été élaboré en énumérant les caractéristiques de la culture de guerre et en proposant leurs contraires pour une culture de paix.
Heureusement, le processus de consultations informelles a été géré par le courageux ambassadeur du Bangladesh, Anwarul Chowdhury, en qui les États membres de l’ONU d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie avaient la confiance, et qui ont ainsi réussi à faire adopter le document malgré l’opposition de l’Europe et de l’Amérique du Nord.
Certains disent que la Déclaration et le Programme d’action sont la déclaration de l’ONU la plus importante depuis la Déclaration universelle des droits de l’Homme, mais le budget pour sa distribution et sa mise en œuvre a été retiré de la résolution par les États-Unis et l’Union européenne.
Le deuxième document que nous avons élaboré à l’UNESCO est le Manifeste 2000. Il s’agit d’une version populaire de la Déclaration et du Programme d’action, que les individus pouvaient signer. En signant, ils se sont engagés à développer une culture de paix dans leur famille, leur communauté et leur pays. Il y avait six points dans le Manifeste : Respecter toutes les vies ; Rejeter la violence ; Libérer sa générosité ; Écoutez pour se comprendre ; Préserver la planète ; et Réinventer la solidarité.
Le Manifeste 2000 a été diffusé en Inde par Brahma Kumaris. En Colombie par l’UNICEF. Au Brésil par le bureau de l’UNESCO. En Algérie, il était chanté depuis les minarets et distribué dans les rues par le Mouvement Scout. Au Japon par la Fédération nationale des associations UNESCO. En Corée par la Commission nationale pour l’UNESCO. Au total, le Manifeste a été signé par 75 millions de personnes, ce qui constitue l’une des plus grandes mobilisations pour la paix de toute l’histoire.
Ce qui est arrivé ensuite? Federico Mayor a pris sa retraite de l’UNESCO et les États-Unis ont nommé un nouveau directeur de la programmation, un homme lié à la Heritage Foundation. Il m’a dit sans ambages que sa tâche, entre autres, consistait, à se débarrasser de moi et à mettre fin à l’initiative pour une culture de paix. Il a même écrit une memo au bureau de New York disant que je ne devrais pas être autorisé à y entrer à mon retour aux États-Unis. Même s’il y a eu une Décennie des Nations Unies pour la culture de la paix, sous la direction de l’UNESCO, ils n’ont rien fait pour cela.
Une fois que j’ai quitté l’UNESCO, j’ai développé le site Internet, réseau d’information sur la culture de la paix et j’ai fait des recherches pour deux livres, l’Histoire de la culture de la guerre et un roman utopique sur la manière dont le monde parviendrait à une culture de paix. Le livre s’intitule « J’ai vu la terre promise ». Il imagine qu’après un krach économique mondial, il existe une fenêtre d’opportunité pour changer le système de gouvernance mondiale. Les Nations Unies sont réformés afin que le Conseil de sécurité soit géré par des représentants des maires du monde. Leur politique serait culture de la paix plutôt que la culture de guerre des États-nations.
J’ai contacté de nombreux éditeurs de livres, mais ils m’ont dit qu’ils n’étaient pas intéressés. La paix ne se vendrait pas.
Cependant, tous ces documents, actant d’une prise de conscience du lien entre la culture de la paix et l’avenir de l’Humanité, restent les outils essentiels à la construction d’un nouveau monde. Il appartient aux nouvelles generations de s’en saisir pour cette tache.
Si ces quatre “documents-outils” sont appropriés et réactualisés par la nouvelle generation, ils peuvent changer le monde.
Les documents sont disponibles en ligne. Voici les liens où vous pouvez les lire.
Manifeste de Seville sur la Violence
Déclaration et Programme d’Action sur une Culture de la Paix
Voir aussi le Culture of Peace News Network
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Dr. David Adams est membre du TRANSCEND Network for Peace Development Environment et coordinateur du Culture of Peace News Network. Il a pris sa retraite en 2001 de l’UNESCO où il était directeur de l’Unité pour l’Année internationale des Nations Unies pour la culture de la paix. Auparavant, aux universités de Yale et de Wesley, il était un spécialiste des mécanismes cérébraux du comportement agressif, de l’histoire de la culture de la guerre et de la psychologie des militants de la paix. Envoyez lui un email.
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Tags: Education for Peace, Peace, Peace Culture
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